12 avril - 14 Juillet 2013 Exposition "Jean Restout (1692-1768) et les miracles de Saint-Médard"
organisée par le musée national de Port-Royal des Champs
Le 29 juillet 1739, un homme vêtu de noir se glisse dans l’antichambre du grand couvert au château de Versailles, se jette aux pieds du roi Louis XV et lui tend un livre avant de disparaître.
Cette vérité des miracles, composée par Carré de Montgeron, magistrat du parlement de Paris, prétendait prouver au roi la réalité de nombreux prodiges qui se seraient déroulés sur la tombe d’un ecclésiastique obscur, François de Pâris, enterré au cimetière de Saint-Médard dans les faubourgs de la capitale.
Le livre remis au roi était orné de belles gravures attribuées très tôt à Jean Restout, artiste janséniste de grand talent, qui imagina une iconographie originale pour chacun des miracles décrits et commentés dans l’ouvrage.
François de Pâris (1690-1727) était le fils aîné de Nicolas de Pâris, conseiller au parlement de Paris. À la fin de ses études de droit, il refusa de reprendre la charge paternelle et entra au séminaire de Saint-Magloire, tenu par des oratoriens jansénistes. Il fut ordonné diacre en 1720 et desservit la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet dans le quartier de l’Université. Janséniste convaincu, il signa l’appel au concile de la bulle Unigenitus.
À force de privations et de jeûnes, François de Pâris mourut prématurément le 1er mai 1727 et fut enterré au fond du petit cimetière de l’église Saint-Médard.
Sa tombe fut, dès 1728, le théâtre de guérisons miraculeuses, dans lesquelles les jansénistes virent la justification de leur lutte contre la bulle Unigenitus. En août puis en octobre 1731, trente curés de la capitale demandèrent à l’archevêque de Paris, Charles de Vintimille, de reconnaître la réalité de ces miracles qui se seraient produits en grand nombre sur la tombe du diacre Pâris, et la foule se pressa à Saint-Médard. Dès le mois de juillet 1731 apparurent les premières scènes de convulsions dans le cimetière. Le 27 janvier 1732, le pouvoir royal fit fermer le cimetière au nom de l’ordre public.
Louis-Basile Carré de Montgeron (1686-1754), conseiller à la 2e chambre des enquêtes au Parlement de Paris, faisait partie des cercles libertins de la Régence et du début du règne de Louis XV. Il affirma s’être converti sur la tombe du diacre Pâris, le 7 septembre 1731 et se
fit alors l’avocat des miracles avec la publication de son livre, La vérité des miracles.
Il rédigea le premier volume à partir de 1732, commanda les illustrations à Jean Restout et le fit imprimer à ses frais dans plusieurs imprimeries clandestines de Paris. Le duc de Luynes affirma dans ses Mémoires que l’entreprise lui aurait coûté 40 à 50 000 écus.
Carré de Montgeron remit son livre au roi Louis XV le 29 juillet 1737 dans l’antichambre du grand couvert au château de Versailles. Il fut immédiatement arrêté et conduit à la Bastille. Il fut enfermé en octobre 1737 dans le couvent des Bénédictins de Saint-André-lès-Avignon, conduit peu après dans une forteresse à Viviers puis transféré, le 29 juin 1738, à la forteresse de Valence. Il poursuivit son travail pendant sa captivité, et publia deux autres volumes en 1741 et 1747. Il mourut à Valence en 1754.
Carré de Montgeron avait choisi parmi les nombreux témoignages une quinzaine de miracles analysés et accompagnés de témoignages et de certificats médicaux. Cet impressionnant appareil critique participait d’une volonté de prouver le miracle de manière quasi-scientifique.
Si le premier volume fut plutôt bien accueilli dans les milieux jansénistes, les deux suivants ne connurent pas le même succès. La trop forte implication de son auteur dans le mouvement « convulsionnaire » acheva de l’isoler tout à fait après 1741.
Jean Restout, issu d’une famille de peintres normands, reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1720, se spécialisa dans la peinture d’histoire mythologique et religieuse. Au cours de sa carrière, il travailla essentiellement pour les ordres réguliers de Paris et de province. Il fut très tôt en contact avec les milieux jansénistes par l’intermédiaire de son oncle, Jean-Baptiste Jouvenet (1692-1768), dont il était l’élève. À partir de 1730, il réalisa plusieurs portraits de personnalités jansénistes, tels que le diacre François de Pâris ou l’abbé Firmin Tournus. Janséniste convaincu, il fut sollicité par Louis-Basile Carré de Montgeron (1686-1754) pour illustrer son livre La vérité des Miracles, dont il réalisa les planches des deux premiers tomes. Il y travailla probablement à partir de 1736 et jusque vers 1740.
L’exécution des planches gravées fut confiée à plusieurs équipes de graveurs en France et en Hollande. Parmi ces graveurs, on connaît les noms de Pieter Yvert (1712-1787) ou de Jacques-Nicolas Tardieu (1716-1791), mais y participèrent très certainement Madeleine Horthemels (1686-1767) et Charles-Nicolas Cochin fils 1715-1790).
Mort de Magdeleine Hortemels
Présentation 2G
L'Art au XVIIème siècle
Autre Présentation 2G
La Pascaline
Présentation 1G