1652 (printemps) : Port-Royal des Champs pendant la Fronde des princes
Après l’arrestation le 18 janvier 1650 des Princes de Condé, Conti son frère et du duc de Longueville son beau-frère, leurs alliés et clients parvinrent à soulever la Guyenne.
A Paris, le duc d’Orléans levait des hommes. Turenne, commandant des forces royales, se donna pour but d'empêcher la jonction de l'armée des Princes avec la capitale. Les combats se déplacèrent de la Loire vers le bassin parisien au cours du printemps.
Les villageois durent assurer le ravitaillement des armées, celles de Condé dans le Hurepoix, celles de Turenne en Brie.
Le passage des bandes armées s’accompagnaient souvent de pillages. Ainsi, le 6 mai, Palaiseau fut occupé par les troupes royales. L’église d’Orsay fut brûlée et il y eut beaucoup de destructions à Igny, Massy, Champlant et Longjumeau… Pendant ce temps, les armées des Princes pillaient les environs d'Etampes.
Le 25 avril 1652, l’abbaye des Champs fut évacuée et les religieuses gagnèrent leur couvent du faubourg Saint-Jacques sous la protection du duc de Luynes.
La défense de l’abbaye des Champs fut confiée aux Solitaires descendus des Granges pour se réinstaller provisoirement dans les bâtiments conventuels, puis dans le château de Vaumurier, jugé plus sûr.
Avec les habitants des environs, qui avaient mis leurs biens meubles à l’abri dans les dépendances du château, le duc forma quatre ou cinq compagnies de plus de trois cents fusiliers commandées par les Solitaires, dont plusieurs étaient d’anciens militaires. Ces troupes improvisées montaient la garde jour et nuit.
Malgré les difficultés de la guerre civile, le duc de Luynes entreprit des travaux de fortification. Dans la journée, des ouvriers travaillaient à la construction des tours de défense sur l’enceinte du monastère : onze furent édifiées en trois semaines.
La ferme des Granges dut cependant accueillir une nuit le régiment d'Apremont. Les soldats malmenèrent deux femmes qui y servaient et qui parvinrent à leur échapper, mais ils n’y causèrent aucun dommages.
Les efforts du duc de Luynes, nota Pierre Thomas du Fossé dans ses Mémoires, produisirent « tout le bon effet qu’on en avoit espéré.
Car les soldats qui passoient ou qui alloient au fourage, prévenus du bruit qui s'étoit répandu partout que l’abbaye de Port-Royal étoit remplie de gentilshommes et d’anciens officiers de guerre, la respectoient de telle sorte qu'il n'osoient en approcher.
» (I., p. 220). Luynes parvint à préserver les récoltes. « Il escortoit des convois de vivres pour la maison de Paris ; il faisoit ramasser les bleds dans l’église et les faisoit moudre à son moulin. »
(Besoigne, Histoire de Port-Royal, part II., livr. 3, Solitaires, p. 133).