Port Royal des Champs

  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Accueil Port Royal Port Royal Aujourd'hui Les ruines de l'Abbaye
Le Site Aujourd'hui

Un nouveau cèdre à Port-Royal en 2020

Un nouveau cèdre au musée national de Port-Royal des Champs!

alt 

Le 27 février 2017, une tornade s’est abattue sur le domaine : elle a cassé la tête d’un cèdre de l’Atlas et, surtout, elle a arraché une charpentière (branche maîtresse) du cèdre du Liban qui, depuis, presque deux cents ans, faisait face au musée.

Une expertise menée par l’office national des forêts a révélé une infestation lignivore (champignon mangeant le bois), la présence de deux fissures transversales (sur le tronc et sur la charpentière restante) ainsi qu’une ouverture rapide de la fourche principale. Après divers avis et consultations, le directeur général des patrimoines a pris la décision de procéder au démontage du cèdre et à la replantation d’un jeune sujet au même emplacement.

Le démontage du cèdre a été effectué durant l’été 2018. Une analyse dendrochronologique permettra de reconstituer et de présenter l’histoire de cet arbre emblématique de Port-Royal.

Un jeune sujet a été choisi et planté le 7 janvier 2020 dans une fosse aménagée à l’emplacement exact de son prédécesseur ; ainsi, il profitera du réseau racinaire et mycorhizien (ensemble des champignons qui nourrissent un arbre et, en retour, s’en nourrissent) de son ancêtre pour se développer ; des tuyaux enfouis dans le sol permettront de l’arroser régulièrement durant les premières années ; un tuteur le maintiendra droit et l’aidera à résister au vent, le temps que son réseau racinaire se développe.

Ce jeune sujet a douze ans, mesure six mètres de haut et pèse déjà une tonne et demi : un bébé costaud ! Il n’a pas encore la forme caractéristique, dite tabulaire, d’un arbre adulte : en se développant, ses branches s’alourdiront et deviendront plus horizontales… dans vingt à trente ans : un peu de patience, donc !

Une mise à distance est établie pour éviter tout contact avec les jeunes branches : un arbre est un être vivant, sensible et fragile durant ses premières années ; merci de le respecter.

alt

 

voir un article sur Actu.fr

 

 

La Ferme de Port-Royal

ferme  puits pour site

La ferme des Granges, exploitation agricole principale de l’abbaye, a conservé sa vaste grange à blé médiévale. Les principaux bâtiments qui forment la cour ont été construits entre le XVIIe et XIXe siècle. On place traditionnellement les «  Petites écoles  » de Port-Royal dans un bâtiment construit en 1652, dans lequel les collections du musée sont présentées, et que les propriétaires firent agrandir à la fin du XIXe siècle. Au centre de la cour, le Puits de Pascal, reconstruit au XIXe siècle, évoque les séjours de l’illustre écrivain.

 

Les ruines de l'Abbaye

 

dessinpoursite

De l’ancienne abbaye, il ne subsiste aujourd’hui que les fondations de l’église abbatiale construite au début du XIIIe siècle et l’imposant pigeonnier. L’oratoire, construit en 1891 en style néo-gothique à l’emplacement du chevet de l’ancienne église, accueillait à l’origine le premier musée. Des tilleuls plantés en carré autour d’un calvaire indiquent l’emplacement de l’ancien cloître. La vallée du Rhodon est barrée par une digue qui permettait de faire tourner le moulin de l’abbaye. Le long du mur d’enceinte subsistent encore quelques bâtiments agricoles. Plantée dans les bases d’une ancienne tour, une croix forgée évoque l’ancienne cour de la Solitude dans laquelle les religieuses se réunissaient.

Le site de l’abbaye de Port-Royal des Champs, rasée sur ordre de Louis XIV entre 1712 et 1713, est très tôt devenu un lieu de pèlerinage officieux mais important. Resté propriété de Port-Royal de Paris, il est vendu comme bien national à la Révolution française. En 1829, Louis Silvy (1760-1847), fervent janséniste et alors maire de Saint-Lambert-des-Bois, s’en porte acquéreur : à l’emplacement de l’ancien chœur de l’abbatiale, il fait édifier « une petite salle... servant d’oratoire », modeste maison de plan carré. Cet édifice2ps conserve les souvenirs de l’abbaye et de la communauté disparues qu’a pu rassembler Silvy, tels de véritables reliques. En 1868, les ruines passent aux mains de la Société de Saint-Augustin, qui assure désormais l’animation de ce petit mémorial. 

Ce rôle incombe tout particulièrement à Augustin Gazier (1844-1922), bibliothécaire et secrétaire-trésorier de la Société, historien de Port-Royal.

Près de trois décennies après l'acquisition, on décide la reconstruction de l’édifice sous la forme d’un « oratoire-musée ». L’architecte Hippolyte Mabille (v.1845-1923) dirige le chantier qui dure deux ans, entre 1891 et 1892. La forme de chapelle est inspirée du gothique classique du xiiie siècle, époque de construction de l’abbatiale. Le chantier s'accompagne de plusieurs campagnes de fouilles importantes. Notons que dans les mêmes années, les propriétaires du site des Granges font construire par Gabriel Ruprich-Robert une maison pastichant cette fois les châteaux Louis XIII.

Si le néo-xviie siècle rend un juste hommage à la période faste du site des Granges,
le néogothique est plus propre à évoquer l'église disparue et l'atmosphère religieuse de l'ancienne abbaye en ruines. La sobriété intérieure de l'oratoire-musée, conforme à 5psl’esprit de Port-Royal, n’empêche pas la présence d’un décor figuré, rôle notamment dévolu aux vitraux. L’exécution de ces derniers est confiée à l’atelier parisien de Charles Champigneulle (1853-1905) : s’y mêlent des encadrements décoratifs néogothiques et des peintures sur verre, technique apparue plus tardivement dans l’histoire du vitrail. Augustin Gazier est à l’origine du programme iconographique dont les modèles sont autant que possible puisés dans l’œuvre du peintre Philippe de Champaigne (1602-1674) et de son neveu Jean-Baptiste (1631-1681).

Le mélange des iconographies est une illustration parfaite du concept d’oratoire-musée, puisque le propos religieux côtoie le discours historique et artistique : dans le chœur, le Christ bénissant inspiré de la Cène peinte pour Port-Royal et flanqué des apôtres Pierre et Paul ; dans la nef, quatre portraits d’illustres personnages de l’abbaye : Antoine Arnauld, la mère Angélique et l’abbé de Saint-Cyran, ainsi que Blaise Pascal. Entre les deux, Bernard de Clairvaux, le grand saint cistercien, et saint Augustin, le docteur de la grâce cher à Port-Royal, sont en position d’intercesseurs. Étonnamment, pour ces deux pères de l’Église,les compositions de Champaigne,bien connues par Gazier,n’ont pas servi de modèle. Saint Bernard est dérivé d’un modèle connu comme sa Vera Effigies (la Vraie Image), dont l’un des exemplaires les plus anciens est un tableau peint au xvie siècle provenant du réfectoire de l’abbaye de Cîteaux. Saint Augustin est, quant à lui, figuré en pleine inspiration divine, présentant un de ses textes sur la grâce et sa relation au libre-arbitre, point nodal de la querelle janséniste.

La Société de Saint-Augustin commande également une statue de Vierge à l’Enfant, présentée comme une « réduction de celle qui ornait au treizième siècle l’abbaye de Royaumont », une des principales maisons cisterciennes d’Île-de-France. L’oratoire-musée est conçu comme un tout jusque dans ses vitrines, offertes par le baron Locré, ancien secrétaire-trésorier de la Société de Saint-Augustin et ami proche de Gazier.6

Les fouilles ont révélé de nombreuses pierres tombales. Celle de l’abbesse Philippe de Varenne (†1325) a été placée au revers de la façade. À l’extérieur, se trouvent deux pierres retrouvées lors des fouilles pratiquées en 1844-1845 sous la conduite d’Honoré d’Albert (1802-1867), duc de Luynes et de Chevreuse, passionné d’archéologie et descendant d’un éminent protecteur de l’abbaye. On voit ainsi à gauche, l’abbesse Philippe de Levis (†1280) et à droite, Mathieu III de Marly (†1305), descendant des fondateurs de Port-Royal.

Enfin, les bustes en bronze de Jean Racine et Blaise Pascal, réalisés par le sculpteur Jean Frère (1851-1906), ont été inaugurés le 25 avril 1899 lors du bicentenaire de la mort du tragédien, dont la première sépulture fut à Port-Royal, comme le rappelle une stèle placée à l’emplacement supposé de sa tombe en 1892.

Cet oratoire-musée a présenté, jusqu’en 1985, la collection de la Société de Port-Royal (héritière de la Société de Saint-Augustin), aujourd’hui en grande partie déposée au musée national de Port-Royal des Champs où le visiteur peut venir l’y découvrir. Fermé depuis lors, l’oratoire-musée rouvre pour la première fois ses portes au public à l’occasion des journées européennes du patrimoine 2015.

 

 

DSCN0467ps

 

1. Louis Morize, Vue de l’oratoire de Louis Silvy, arch. dép. Yvelines, 121J 137

2. Portrait d'Augustin Gazier, MNPRDC, PRG 381

3. Abbaye de Port-Royal : intérieur du musée, carte postale ancienne

4. Relevé du tombeau de Mathieu III de Marly, réalisé à l’occasion des fouilles de 1844-1845

5. Oratoire des ruines de Port-Royal des Champs (2015)

Les vitraux de l'oratoire des ruines
de Port-Royal des Champs

ora

Légendes des vitraux et de leurs sources iconographiques :

1 à 9. Atelier de Charles Champigneulle fils de Paris, vitraux de l’oratoire-musée, 1892, ©R.M.N./G.Blot

a. P. Drevet, d’après J.-B. de Champaigne, Antoine Arnauld, musée de Port-Royal, PRG 451 © R.M.N./T.Ollivier

b. A. de Greuse (?), d’après F. Quesnel, Blaise Pascal, musée de Port-Royal, dépôt de la Société de Port-Royal © R.M.N./T.Ollivier (détail). Ce portrait a été offert par la reine Marie-Amélie en 1839 à Louis Silvy pour l’oratoire de Port-Royal.

c. Portrait de saint Bernard de Clairvaux dit Vera Effigies, cathédrale de Troyes ©Département de l’Aube, Noël Mazières

d.J. Morin, d’après P. de Champaigne, Saint Pierre

e. P. de Champaigne, La Cène, musée du Louvre ©R.M.N./H.Lewandowski (détail)

f. J. Morin, d’après Philippe de Champaigne, Saint Paul

g. P. Van Schuppen, d’après P. de Champaigne, La mère Marie-Angélique de Sainte-Madeleine, dite la mère Angélique, musée de Port-Royal, PRG 415/017 ©R.M.N./G.Blot

h. P. de Champaigne, Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, musée de Port-Royal, dépôt du musée des beaux-arts de Rouen, ©R.M.N./G.Blot