Sylvae Sacrae – La Forêt des Solitaires
7 avril - 4 juillet 2022
organisée par le musée national de Port-Royal des Champs
Jan I Brueghel (1568-1625), dit l’Ancien,d’après Maarten de Vos (1532-1603) Saint Fulgence, vers 1595
Huile sur cuivre - 25,9 × 35 cm - Vienne, Kunsthistorischesmuseum, inv. GG 672
En 1639, plusieurs gentilshommes décidèrent de quitter le monde et de se retirer dans une sorte d’ermitage, d’abord aux portes de l’abbaye de Port-Royal de Paris, puis, après une année d’errance, dans les bâtiments abandonnés de l’abbaye de Port-Royal des Champs. En s’installant dans ce qu’ils désignaient comme un désert, ils entendaient renoncer entièrement aux affaires du monde pour ne plus penser qu’à leur salut.
Ceux qu’on appellera plus tard les « Solitaires » de Port-Royal partagèrent leur temps entre l’entretien des forêts, la culture des jardins et des vergers de l’abbaye des Champs et d’importants travaux de recherche et d’écriture. La forêt de Port-Royal évoquait puissamment les décors que les artistes, depuis plus d’un siècle, avaient choisis pour représenter les déserts d’Égypte, de Syrie et de Palestine dans lesquels les premiers ermites de l’histoire de l’Église s’étaient retirés au IVe siècle. À travers cette culture visuelle, et la lecture des Vies des Pères des déserts, traduites par Robert Arnauld d’Andilly, frère aîné de la Mère Angélique, les « Solitaires » de Port-Royal pouvaient imaginer qu’ils revivaient pleinement la vie de leurs illustres modèles.
Ce thème des Pères des déserts avait été mis à la mode dès le début du XVIIe siècle et avait été l’objet d’une importante production d’images, produites à la fin du XVIe siècle en Italie du nord autour de Girolamo Muziano puis, les années suivantes, par de Maarten de Vos à Anvers et Abraham Bloemaert à Amsterdam : ils réalisèrent chacun plus de deux cents dessins sur ce thème. Ces nombreuses représentations furent gravées par les frères Sadeler à Munich et à Venise et presque immédiatement copiées par les graveurs flamands installés à Paris. Le projet d’une grande édition illustrée des Vies des Pères du désert échoua, sans doute avec la dispersion de la communauté des « Solitaires » de Port-Royal en 1656.
À travers un choix d’une cinquantaine de dessins et gravures, provenant des collections de l’Albertina de Vienne, de la collection Frits Lugt conservée à la Fondation Custodia (Paris), ou du département des Arts graphiques du Louvre, l’exposition Sylvae Sacrae – La forêt des Solitaires propose au visiteur un voyage à travers les déserts rêvés du XVIIe siècle : sombres forêts, lieu de ressourcement intérieur ou jardin de Paradis.
En coordination avec le Salon international du dessin de Paris 2022
avec la collaboration de:
l'Albertina de Vienne, le Kunsthistorisches Museum de Vienne
le département département des Arts graphiques du Louvre
la collection Frits Lugt - Fondation Custodia (Paris)
le Musée des beaux-arts d'Orléans
et la Bibliothèque municipale de Rouen
Commissaire
Philippe Luez, conservateur général du patrimoine,
directeur du musée national de Port-Royal des Champs.
Catalogue
Textes : Philippe Luez en collaboration avec Diane Vieille.
Gand, Snoeck, 2022, 176 p.
PROLONGATION JUSQ'AU 15 JUILLET 2018
Cinquante-trois dessins français du Grand Siècle de l’importante collection du musée des Beaux-Arts d’Orléans seront exposés, pour beaucoup pour la première fois. Du règne de Louis XIII avec Georges Lallemant, jusqu’aux prémices duxviii siècle. l’exposition permet de redécouvrir la richesse d’un siècle de dessin français.
La diversité des techniques (pierre noire, sanguine, lavis, …) et des usages du dessin (esquisses d’ensemble, études de mains, copie pour la gravure, …) permettra également de découvrir de nombreux aspects du champ des arts graphiques.
Catalogue d’exposition publié sous la direction de Corentin Dury aux éditions Snoeck (25 €).
en vente à la boutique du musée et en librairie.
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Prochaine expositon:
Sébastien Bourdon
peintre protestant?
20 septembre - 16 décembre 2018
organisée par le musée national de Port-Royal des Champs
et la Réunion des Musées nationaux
Dans l’histoire de l’art, rares sont les artistes que l’on étudie au regard de leur appartenance confessionnelle ou leur choix religieux. C’est le cas de Philippe de Champaigne, dans son attachement à la mouvance janséniste comme de son contemporain Sébastien Bourdon pour son appartenance à l’église réformée.
Bourdon est un des rares artistes réformés présenté comme tel, dès la fin du XVIIe siècle, et plus encore au cours du XIXe siècle dans une vision d'antagonisme voire d'affrontement plus conforme au contexte des années qui précèdent la révocation de l'édit de Nantes. Pourtant la période d’apaisement qui suit l’édit de grâce de Nîmes (1629) permis l’épanouissement d’une importante colonie d’artistes réformés à Paris que l’historiographie du XIXe siècle crut pouvoir localiser autour de Saint-Germain des Prés. Forts d’une tradition picturale en plein essor depuis le XVIe siècle dans les communautés luthériennes d’Europe du Nord, natures mortes, scènes de genre ou portraits, mais soucieux de pouvoir bénéficier des importantes commandes religieuses, nombreux furent ces artistes protestants qui exécutèrent d’importantes commandes pour les églises parisiennes ou les oratoires privés.
Comme tous ses coreligionnaires, Sébastien Bourdon se plie aux exigences de commanditaires catholiques afin de poursuivre en France une carrière conforme à son talent et à ses aspirations. Au sein d’une abondante production, la suite des Œuvres de miséricorde constitue un ensemble à part qui permet de mieux comprendre les enjeux d’une représentation religieuse pour un artiste calviniste comme Sébastien Bourdon. A travers sept scènes tirée de l’Ancien Testament, destinées à illustrer les figures vétérotestamentaires des œuvres corporelles de miséricorde, Sébastien Bourdon fonde une série ambitieuse aujourd’hui trop méconnu, qu’il peignit et grava lui-même. Ces Œuvres de Miséricorde, comme de trop nombreuses œuvres de Bourdon ont connu un destin difficile. Sans avoir été détruites comme la décoration de l’Hotel de Bretonvilliers, que Bernin lui-même admira, les sept tableaux passèrent rapidement en Grande-Bretagne où l’art de Bourdon était particulièrement apprécié, en témoigne le nombre de ses ouvrages encore présents dans les collections britanniques. Achetées par John Ringling pour son musée de Sarasota, ils étaient réputés ruinés et l’intérêt se concentra sur les gravures dont la réputation avait, elle, traversé les siècles.
Cette suite de sept planches, gravées par l’artiste, constituent à elles seules une seconde création. Leur étude permet de comprendre le sens de la série : testament artistique du recteur de l’académie royale de peinture dans un hommage revendiqué à Nicolas Poussin, testament spirituel d’un croyant profondément attaché à son église, quête d’un protecteur pour la communauté réformée française en la personne de Colbert au moment où Louis XIV prend les premières mesures contre la religion prétendue réformée.
Commissaires
Anne Imbert, historienne de l'art
Philippe Luez, directeur du musée de Port-Royal
Autour de l'exposition
Colloque
4-5 octobre 2018 au musée de Port-Royal
« l’art religieux et les protestantismes en France avant la révocation de l’Edit de Nantes », en partenariat avec l'Université catholique de Louvain-la-Neuve.
Catalogue
Le catalogue est rédigé par Anne Imbert, Elodie Vaysse, Frédéric Cousinié et Philippe Luez
et édité par la Réunion des Musées nationaux – Grand-Palais.