Décret du Cardinal de Noailles pour l'extinction de P.R. des Champs du 11 juillet 1709 LOUIS-Antoine de Noailles, &c. Vu la Requête, &c. Vu la Bulle de notre Saint Pere le Pape Clément XI, obtenue par l'Abbesse & les Religieuses de P.R. de Paris à la recommandation du Roi, à nous adressée & datée à Rome à Sainte Marie Majeure le 6 avant les Calendes du mois d'Avril de l'année derniere 1708, pour la suppression entiere du Monastere de Port-Royal des Champs, & la reunion des biens & revenus en dépendans au Monastere de Port-Royal de Paris, avec une dérogation expresse de la Bulle de Clément X confirmative du partage ci-devant fait entre les deux Maisons, & faculté à nous de transporter les Religieuses de Port-Royal des Champs en un ou plusieurs autres Monasteres, en une ou plusieurs fois, & de pourvoir à leur subsistance, ainsi que nous jugerons à propos. Lettres d'attache de Sa Majesté pour l'enregistrement de ladite nouvelle Bulle en date du 14 Novembre 1708. Arrêt du Parlement d'enregistrement de ladite Bulle du 19 Décembre ensuivant : Conclusions de notre Promoetur. Après que vous avons employé inutilement tous les moyens qui ont été en notre pouvoir, même depuis notre Ordonnance du 18 Novembre 1707, pour porter lesdites Religieuses de Port-Royal des Champs à la soumission qu'elles doivent à l'Eglise, lesdites Religieuses persévérant en leur opiniâtreté, & tout considéré, le saint Nom de Dieu invoqué : Nous, Archevêque de Paris susdit, tant /168/ de notre autorité ordinaire que de celle du St Siége Apostolique, avons supprimé et éteint, supprimons & éteignons par ces Présentes à perpétuité le titre de ladite Abbaye & Monastere de Port-Royal des Champs, & en conséquence avons réuni & appliqué, réunissons et appliquons par ces mêmes Présentes à l'Abbaye & Monastere de P.R. de Paris, tous les biens, meubles & immeubles, droits & revenus généralement quelconques de ladite Abbaye & Monastere de P.R. des Champs, tant ceux qui lui ont été assignés par ledit partage ordonné par Arrêt du Conseil du 15 Mai 1669, que tous autres que lesdites Religieuses des Champs possèdent, soit qu'ils lui ayent été légués ou donnés, ou à leur Maison ou Eglise, par testament, donation ou autrement, de quelque maniere que ce soit, ou qu'elles les ayent acquis de quelqu'autre façon, ou à quelqu'autre titre que ce puisse être, pour qu'à l'avenir l'Office Canonial dudit Monastere des Champs puise être acquitté dans celui de Paris, de jouir par ledit Monastere de Paris de tous lesdits biens & droits réunis, à la charge par lesdites Abbesse & Religieuses de P.R. de Paris d'acquitter, de faire acquitter, conformément à ladite Bulle, les Messes & autres fondations particulieres faites depuis la séparation desdites deux Maisons,qui ne pourront être acquittées par le Prêtre ci-après nommé, desservant l'Eglise dudit Monastere des Champs, & généralement de payer toutes les autres Charges, comme Décimes et Charges du Clergé, & toutes autres dont lesdits biens réunis peuvent être tenus, & qu'il sera pris & distrait par préférence sur les fruits & revenus desdits biens réunis pour /169/ la nourriture, entretien & autres besoins desdites Religieuses qui restent en ladite Maison de Port-Royal des Champs, à sçavoir pour chacune Religieuse de Choeur, la somme de 300 liv. par chacun an, & pour chacune des Converses la somme de 200 livres, aussi par chacun an ; & pour lesdites Abbesse et Religieuses de Port-Royal de Paris leur payeront & leur feront tenir, en quelques lieux qu'elles soient, leur vie durant, de quartier en quartier & par avance ; si ce n'est que lesdites Religieuses des Champs eussent des pensions de leurs familles de pareille somme, auquel cas ledit Monastere de Paris en sera déchargé. Et arrivant que lesdites pensions se trouvassent au dessous de ladite somme de 300 livres pour lesdites Religieuses de Choeur, & de 200 livres pour les Converses, le surplus leur sera fourni par lesdites Abbesse & Religieuses de Paris. Et lorsque l'une desdites Religieuses de Port-Royal des Champs viendra à décéder, sa pension demeurera éteinte au profit de ladite Abbaye de Port-Royal de Paris. Comme aussi il sera pris par chacun an par préférence sur lesdits fruits & revenus, autre somme de 300 livres pour l'entretien d'un Prêtre séculier, Chapelain, résidant audit Port-Royal des Champs, lequel sera tenu de dire tous les jours la Messe en ladite Eglise des Champs pour les Fondateurs & Bienfaiteurs. Plus, 250 livres pour l'entretien d'un Jardinier, 200 livres pour l'entretien d'un Portier ou Concierge, & 150 livres pour l'entretien d'une Servante ; lesquels Chapelain, Jardinier, Portier ou Concierge & Servante seront agréés par nous, & demeureront audit Port-Royal des /170/ Champs jusqu'à ce que nous y ayons autrement pourvu. Ordonnons qu'aussitôt après la signification de notre présent Décret, il sera fait audit Port-Royal des Champs, en présence du Sr le Normand notre Official que nous commettons à cet effet, & d'une autre personne qui sera députée par lesdites Abbesse & Religieuses de Port-Royal de Paris deux inventaires exacts, l'un de tous les Titres, Chartes, Papiers & Enseignemens que lesdites Religieuses de Port-Royal des Champs ont en leur pouvoir, concernant les biens, droits & revenus dudit Monastere des Champs, lesquels titres & papiers seront délivrés à l'instant audit Député de l'Abbesse de P.R. de Paris pour être remis & gardés dans les Archives d'icelle ; duquel inventaire copie nous sera fournie pour être gardée dans notre Secrétariat, & y avoir recours quand besoin sera ; l'autre de tous les Vases sacrés & profanes, Reliquaires, Argenterie, Pierreries, Joyaux, Tableaux, Livres, Linge & Ornemens d'Eglise, Meubles meublans, Ustensiles & autres effets, duquel aussi copie nous sera fournie, pour icelle vue, être ordonné & statué sur ce que nous jugerons devoir rester en la possession desdites Religieuses des Champs pour leur usage. Nous réservant au surplus de statuer en temps & lieu sur les autres choses portées par ladite Bulle & autres, ainsi que de raison. Donné à Paris en notre Palais Archiépiscopal le 11 juillet 17 Juillet 1709, Louis Antoine Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris. Par son Eminence, Chevalier. Sources : PRL 2710, Suite du supplément au Nécrologe des défenseurs de la vérité, ou recueil de pièces importantes sur les affaires de l’Eglise des dix-septieme et dix-huitieme siècles… Tome cinquième, s.l., s.n., 1764, p. 167-170. |