
Port-Royal ou l'abbaye de papier _____________________________
Madeleine Horthemels (1686-1767)
15 septembre 2011 - 15 août 2012organisée par le musée national de Port-Royal des Champs
La communauté de Port-Royal des Champs avait été dispersée le 29 octobre 1709 et le roi venait de promulguer, le 22 janvier 1710, l’arrêt autorisant la démolition des bâtiments conventuels, lorsque Madeleine Horthemels signa une suite gravée de quinze planches représentant des vues extérieures et intérieures de l’abbaye. Sept premières planches auraient été achevées avant février 1710. Leur succès aurait conduit le lieutenant de police d'Argenson à les faire saisir le 13 mai 1710. Madeleine Horthemels poursuivit la série en exécutant huit nouvelles planches après mai 1710. L’achèvement de la suite et sa numérotation pourraient être antérieurs à son mariage avec Charles-Nicolas Cochin, le 13 août 1713.
Madeleine HORTHEMELS, Choeur de Port-Royal des Champs (vers 1710)
Madeleine Horthemels (1686-1767)
Madeleine Horthemels a probablement conçu les gravures de sa suite comme des estampes volantes. La numérotation d'un des états peut s'expliquer par la volonté de fonder une série cohérente, sur le modèle de celles créées par Jacques Callot au XVIIe siècle, auquel l'art de la jeune artiste se rattache par le moelleux du traitement, les figures élancées et le goût pour le pittoresque.
Les gravures de Madeleine Horthemels ne prétendaient pas donner une image précise de l'abbaye des Champs. De nombreuses scènes se concentrent sur la représentation de la communauté et l'affirmation de sa sainteté par la régularité de la vie monastique. La défense du jansénisme y prend souvent un ton polémique.
Intimement liée à l’histoire de la destruction de l’abbaye de Port-Royal des Champs, la suite, gravée dans le feu des événements, achevait de fixer l’image d’un monastère que le roi très chrétien voulait faire disparaître. L’artiste, liée par conviction et par liens familiaux avec les milieux jansénistes, fonda une iconographie simple et efficace, qui connut un succès qu’elle n’avait peut-être pas espéré elle-même, participant tout au long du XVIIIe siècle à la construction de l’image visuelle et mentale de l’abbaye martyre. D’images militantes pour la défense de la communauté des Champs, ces gravures devinrent, dès les années 1720, icônes, images pieuses avant d’être hissées, dès 1750, au rang de témoignages archéologiques.
Nicolas GAUTROT, Chapelle Saint-Laurent
Une étonnante postérité La vogue des gravures imaginées à la fin du règne de Louis XIV par Madeleine Horthemels perdura tout au long du XVIIIe siècle. Plusieurs artistes s’emparèrent de ces motifs, par conviction personnelle ou dans l’espoir de tirer profit de leur succès. Nicolas Bocquet proposa une nouvelle version de grand format, dont cinq planches nous sont aujourd'hui connues (cat. 33-36). Nicolas Gautrot (?-1739) imagina de nouvelles scènes (cat. 19, 20, 22, 30) ; Jacques Chéreau (1688-1776) édita une grande vue du choeur des religieuses (cat. 24) ; un certain Masson reprit certaines scènes originales, comme la Vue perspective de Madeleine Horthemels (cat. 17).
De la feuille volante à l'édition Aux quinze estampes primitives Madeleine Horthemels ajouta une série de huit vignettes d’illustration. Encadrées de cartouches rocaille ovales ornés de coquilles, elles étaient conçues pour l’édition (cat. 37-41). Pieter Yvert (1712-1787), artiste hollandais, grava une vue générale inspirée de la vue depuis l’orient placée en tête des Mémoires de Nicolas Fontaine en 1738 et de Pierre Thomas du Fossé l’annéesuivante (cat. 46).
Douze planches furent gravées à partir des motifs de Madeleine Horthemels pour être disposées en tête de chaque mois du Nécrologe de l’abbaïe de Notre-Dame de Port-Roïal des Champs de Charles-Hugues Lefebvre de Saint-Marc, publié en 1723 (cat. 45). Les Tableaux historiques de l'abbaye de Port-Royal des Champs renferme dix-huit vues dont treize furent gravées d’après la première suite (cat. 57).
anonyme (France, XVIIIe), d'après M. Horthemels, Vue de l'abbaye (après 1740)
Nécrologe de Port-Royal, Illustration pour le mois de juin (1723)
De délicates images pieuses L’art de Madeleine Horthemels a aussi inspiré plusieurs séries de gouaches, toutes peintes sur parchemin (cat. 58-75). L’utilisation du vélin resta la règle pour les illustrations des livres liturgiques jusqu’à la Révolution. La suite de quinze pièces, achetée par l’État aux héritiers d’Augustin Gazier, semble la plus aboutie (cat. 58-72).
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Commissaires Christine Gouzi, maître de conférences à Paris-Sorbonne, Paris-IV Philippe Luez, directeur du musée national de Port-Royal des Champs Assistés d’Elisa Rossi, management dei processi creativi, Université IULM de Milan
Production et communication Marie-Laura Grenier, Marie-Emily Robert, Mastère d'histoire moderne Alexandra Istrate, Marie-Aymée de Rivasson, Mastère Ingénierie de la Culture et de la Communication Université de Versailles-Saint-Quentin
Restauration Jean-Baptiste Martin
Scénographie et lumières Gilles Bonnet, Alain Lefort, Association pour le Rayonnement de Port-Royal
Conception graphique Etienne Pelissier, Yvelinédition
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Le catalogue est édité par Yvelinédition
Le musée remercie tout particulièrement Bernard GAZIER et la Société de Port-Royal, sans lesquels cette exposition n'aurait pas été possible.
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