Organisée par le musée national de Port-Royal des Champs avec le soutien de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines
Commissaire
Philippe Luez, directeur du musée national de Port-Royal des Champs
Production et communication
Maxence Ferre, Charlotte Fumery, Alexandra Istrate, Marie-Aymée de Rivasson,
Master Ingenerie de la Culture et de la Communication à l'Université de Versailles-Saint-Quentin
Au tournant du millénaire, le peintre Frédéric Benrath découvre Port-Royal. Sa rencontre avec le lieu est le fruit du hasard, de l’amitié ; en d’autres temps, on aurait dit de la Grâce... Il façonne lentement le cycle qui naît de cette rencontre ; les formules retenues, il les a explorée avant, mais son geste s’apaise, comme sous l’effet d’une ascèse. C’est après plusieurs compositions qu’il choisit un titre : Mes hautes solitudes. Par ce« mes », Benrath signifie qu’il a lui-même rejoint le cercle des Solitaires, et que ce dialogue avec le lieu est aussi un dialogue avec ceux qui y ont vécu avant lui ; dialogue d’éternité avec Blaise Pascal sur un rayon de lune.
Il faut voir les différentes compositions du cycle comme autant de paysages, portant à son point d’aboutissement le traitement abstrait de l’espace, devenu symbolique. La terre disparaît progressivement ; c’est peut-être le sens de la composition souvent retenue : le carré sur le rectangle, deux-tiers de ciel pour un tiers de terre. Les ocres s’animent par l’utilisation des ors,c omme dans l’œuvre de Philippe de Champaigne, dont il contemple des après-midi entiers le Christ au manteau rouge sur les cimaises du musée. Comme pour échapper à la terre, la matière devient plus fluide, plus transparente. Le peintre des nuages oublie les nuages pour capturer un coin d’infini coloré. La peinture se fait silence, car, écrit Claude Louis-Combet « de telles peintures laissent entendre une présence, une respiration..., un battement d’aile. » La superposition des couches transparentes créé un effet de perspective aérienne. L’abstraction, conçue avec la disparition de tout élément graphique, lui permet seule d’élever toujours ses regards vers le ciel, pour y contempler l’infini, ou pour tenter d’y discerner une présence.
Le chemin de ses Hautes solitudes conduit tout naturellement Frédéric Benrath à chercher la vision de l’infini dans celle de la nuit : nuit lumineuse de la fusion avec la sagesse, comme chez Novalis ; nuit au cours de laquelle les nuages se déchirent pour laisser entrevoir la beauté, comme chez Hölderlin ; mais aussi nuit obscure des sens et des passions qui dispose l’âme à de grandes lumières, comme chez Jean de la Croix ; et, pour ce passionné de musique, nuit d’Henri Dutilleux, à qu’il il demande l'autorisation de donner à son ultime cycle le titre d’Ainsi la nuit. Ces dernières œuvres sont pourtant indissociables du cycle précédent, aussi bien dans le temps - Benrath y travaille simultanément - que dans la forme, et il est impossible de rattacher une œuvre à l’un ou à l’autre s’il ne l’a pas lui-même précisé. La nuit de Frédéric Benrath, comme celle d’Henri Dutilleux, à travers le miroir d’espace qui mène au temps suspendu, est aussi la nuit de feu de Blaise Pascal.
Site de la Société des Amis de Frédéric Benrath